Pour bien
chasser le poisson, apprenez à déjouer ses sens. Le
poisson nous repère au travers de la vision, d’un capteur
de pression, de l'odorat, du goût et de l'ouie.
La vision
Elle est d'excellente à médiocre
suivant les espèces mais on retrouve des caractéristiques
communes. A des profondeurs de 50m et plus, il ne reste pas beaucoup
de lumière comparé à la surface, 1% au maximum.
Pour mieux capter la lumière, les yeux des poissons sont
grand ouverts avec un cristallin sphérique et rigide. Pour
avoir un champ visuel maximal, le cristallin fait légèrement
saillie hors de la pupille pour permettre a la lumière d'être
captée sous tous les angles. Le poisson voit alors sur 150~170
degrés pour chaque oeil avec une vision stéréoscopique
sur 20 à 30 degrés.
A priori, mis a part ces 20 à 30 degrés,
le poisson ne peut pas apprécier les distances visuellement.
Au mieux, il voit un objet se rapprocher ou s'éloigner ou
se mouvoir. Un peu comme dans le film de Jacques Tati, Playtime
ou le héros parcours un interminable couloir en s'avançant
vers nous. Il est impossible alors d'apprécier la distance,
faute de repère visuel et de vision stéréoscopique.
Tati le sait et prends un malin plaisir à nous faire croire
que le couloir fait 3 km de long en marchant tout doucement.
Le poisson est aussi légèrement myope.
La vision joue un rôle important mais a distance le poisson
vous captera mieux avec sa ligne latérale.
Conseil du chasseur :
Le pêcheur adapte sa technique de pêche en fonction
du poisson qu’il recherche. Il convient donc de bien connaître
le poisson convoité sur son lieu de pêche.
Pour cela il doit bien évidemment tenir compte de la vision
propre de chaque poisson. En effet qui n’a jamais pêché
de poisson borgne ? Plus sérieusement le prédateur
comme le loup a une vision plus resserrée que celle d’un
labre. Ce dernier, le labre, vous donnera l’impression de
posséder des yeux derrière la tête ! Observer
et vous verrez bien la différence entre ces deux poissons.
De toute façon, à l’approche d’un poste
il est préférable de faire les derniers mètres
en zigzaguant à travers les blocs, ainsi les vibrations sont
absorbées par les rochers et de plus le poisson ne vous voit
pas. Et s’il vous cherche il risque d’être surpris
par votre avancée.
Le capteur de pression
Sur les deux flancs, on aperçoit plus ou
moins facilement la ligne latérale. Elle peut être
absente chez certains poissons ou au contraire apparaître
plusieurs fois par flanc. Grâce à elle, le poisson
capte les ondes de pressions dues a son mouvement propre, aux autres
animaux et au fond marin. Le poisson peut avoir une image complète
de l'environnement même par une mer très sale. Le son
en mer n'est pas transporté par l'air mais par variation
de pression de l'eau. La ligne latérale perçoit les
sons de 5hz a 25hz, pour le reste l'ouie s'en charge.
Conseil du chasseur :
Pour parer ces capteurs de pression il est judicieux de faire un
bon canard sans bruit, de descendre pas trop vite ; et surtout ne
pas arriver au fond comme arriverait un caillou. Ensuite il faut
glisser à la manière d’une anguille, sans bruit.
Il faut faire attention aux ondes que l’on peut créer
avec la crosse, et les plombs qui tapent sur les rochers. La main
posée sur le haut d’une rague doit être posée
avec douceur, c’est très important, car si le sar entend
le moindre bruit sur le toit de sa cachette, il prépare immédiatement
sa fuite.
Mais il faut bien garder en tête que tout cela c’est
de la théorie ou bien de la perfection : vous y arriverez
que si vous êtes bien à l’aise dans l’eau
et en sécurité. En fait vous serez toujours plus ou
moins déconcentré par toutes les agressions extérieures.
Et cela vous poussera à faire des erreurs et des approximations
plus ou moins voyantes.
L'ouïe
Le principe est toujours le même. Trois petits
cailloux (otolithes) qui reposent sur des couches de cils sensoriels.
Le caillou bouge et excite les cils.
Pour ceux que ça intéresse, vous
pouvez connaître l'age du poisson en récupérant
la plus grosse otolithe, la couper en deux et vous n'avez plus qu'à
compter le nombre de cercles concentriques. C'est actuellement le
procédé utilisé par les scientifiques pour
connaître l'age des poissons.
Suivant les espèces, l'ouie est plus ou
moins développée, ça dépend essentiellement
du raccordement entre le canal contenant les otolithes et le milieu
marin. Chez les Clupéidés, les Gadidés et la
morue, le canal est directement relié à la vessie
natatoire.
Leur sélectivité en fréquence
est très mauvaise, au meilleur des cas, do et ré sont
semblables. Dans tous les cas, le poisson percoit essentiellement
les graves, siffler sous l'eau ne sert a rien ! Si maintenant, vous
avez réussi à attraper un poisson, méfiez vous
de celui-ci, il peut alerter ses copains en douce grâce a
l'odorat.
Conseil du chasseur :
Q ui n'a jamais trompé un sar à trou en tapant d'un
côté de la rague, afin de le faire déplacer,
et se présenter de l'autre côté là justement
où le sar se penser en sécurité ?
L’expérience montre que c’est surtout après
avoir raté un poisson que tout le banc disparaît. Il
vaut mieux donc assurer au premier tir la prise du poisson sélectionné.
Car, après un raté, cela devient très souvent
bien plus délicat. Sur les liches et les sérioles,
les pêcheurs sous marins garde le premier poisson fléché,
au bout de la flèche. Les vibrations émises intriguent
ses congénères. Ainsi il est possible d’en flécher
une paire de plus, quand on a le sérieux de pêcher
à plusieurs personnes qui se surveillent.
Le gout/odorat
Les poissons ont un odorat développé.
Devant leur yeux, les narines qui aboutissent a une fosse olfactive.
Les plus grands "goûteurs" sont les requins, saumons
et anguilles. Ils arrivent à percevoir une odeur rien qu'a
la présence de quelques molécules d'une substance.
Nos meilleurs amis de l'homme sont relégués loin derrière.
Si l'odeur du caoutchouc n'a pas trop l'air de les perturber, les
poissons blessés qui relâchent des sus tances "d'agonie"
sont autrement plus gênantes.
Conseil du chasseur :
Par contre sur les Aresquiers, après avoir nettoyer quelques
poissons je fais de temps en temps un tour sous le bateau pour voir
si un homard n’est pas sorti de son trou. Alors toute la difficulté
est de l’attraper à la main sans se faire couper le
doigt !
Noter que les pêcheurs à la ligne utilisent le broumège
pour attirer les poissons.
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